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EDGAR QUINET ET SON ŒUVRE


[Nous reproduisons sous ce titre les principaux passages de la remarquable introduction que Mme Edgar Quinet a mise en tête de son nouveau livre, Edgar Quinet avant l’exil (Calmann Lévy, éditeur). Nous nous associons pleinement au vœu exprimé par la veuve de l’illustre écrivain, de voir Edgar Quinet devenir de plus en plus un guide et un inspirateur de la jeunesse ; et nous ferons remarquer à cette occesion que le catalogue des bibliothèques scolaires et celui des bibliothèques des écoles normales, publiés par le Musée pédagogique, ont donné à ses ouvrages une place importante ; on y voit figurer l’Histoire de la campagne de 1815, la Révolution française, Mes vacances en Espagne, l’Enseignement du peuple, l’Esprit nouveau, l’Histoire de mes idées, Marnix de Sainte-Aldegonde. Qu’il nous soit permis de regretter une omission, certainement involontaire, dans les deux catalogues que nous venons de mentionner : celle des Pages choisies d’Edgar Quinet, volume publié il y a quatre ans par Mme Quinet à l’usage des lycées et des écoles, et que nous avions, lors de son apparition, signalé à toute l’attention de nos lecteurs. — La Rédaction.]

L’œuvre d’Edgar Quinet n’est pas uniquement dans ses livres ; sa vie fut un apostolat.

Ses entretiens, ses lettres répandaient la vérité, le patriotisme. Il se dépensait avec une ardeur, une générosité inépuisables, et quand je songe à la passion continue de justice, de liberté, qu’il exhalait par la parole, les écrits, les actes, je m’étonne d’avoir pu le conserver jusqu’à sa soixante-treizième année.

Rien ne peut dépeindre combien il souffrait en voyant les sophismes envahir les esprits, avec quelle véhémence il s’en indignait, avec quelle douceur et quel art infini de ménagements il redressait les idées fausses. Mais avant d’arriver au diapason de calme qui permet d’écrire ou de parler, il passait par des états d’esprit très douloureux. Et cela a duré vingt-quatre ans ! Que dis-je ? avant l’exil, il avait traversé les crises terribles de 1848 jusqu’au coup d’État. En remontant dans son passé je trouve encore d’autres époques de tourmentes : sa lutte contre les jésuites en 1843, l’interdiction de son enseignement. Luttes d’autant plus poignantes qu’il voyait distinctement l’avenir ; tous ses pressentiments se sont réalisés. On peut dire qu’il a souffert avant, pendant et après les événements qu’il s’efforçait de conjurer par ses avertissements.