Page:Revue pédagogique, second semestre, 1883.djvu/564

Cette page n’a pas encore été corrigée
554
REVUE PÉDAGOGIQUE

comme le remarque l’auteur, un premier indice d’éducation : quand un enfant n’est pas sage, sa mère lui frotte les yeux avec du poivre. Aux Indes, à Madras, on a recours au même moyen.

Si des sauvages on passe aux barbares, on voit que l’éducation reçoit comme le contre-coup de chaque progrès, si bien qu’il n’y a pas de meilleur moyen pour « jauger » la capacité intellectuelle et morale d’un peuple que le degré ascendant de cette éducation. Et c’est là une règle générale pour tous les états par lesquels a passé ou passée encore l’humanité. « En apparence, c’est le désordre, le règne du hasard. Au fond c’est l’unité parfaite. Nous chrétiens, nous modernes, nous peuples cultivés, nous avons pour nos nouveau-nés, d’autres soins, d’autres soucis, une autre hygiène, une autre éducation qu’un Papou ou un Esquimau, mais aux siècles lointains où nous n’étions pas mieux civilisés qu’un Papou ou un Esquimau, nous ne faisions ni mieux ni autrement qu’eux. Les vestiges d’usages barbares qu’on découvre encore dans les campagnes en portent témoignage. » Il y a là la trace et le reste de l’antique sauvagerie dont il semble que nous ne sommes pas toujours aussi loin qu’on le voudrait croire.


Livres reçus au Musée pédagogique.


Cours normal d’histoire, rédigé conformément aux plan d’études et programmes d’enseignement des écoles normales primaires, par MM. Ammann et Coutant ; 2 volumes ; librairie classique N. Fauvé et F. Nathan. — Voici un ouvrage expressément composé, comme son titre l’indique, pour les écoles normales. Il comprendra, paraît-il, trois volumes, un pour chaque année d’enseignement. Deux volumes ont paru, l’un, histoire des temps anciens, histoire du moyen âge, début des temps modernes ; l’autre de 1610 à nos jours. C’est exactement, on le voit, le cours de deuxième et celui de troisième année. Les auteurs ont accepté, tel qu’il est, le programme du 3 août 1581 ; ils l’ont suivi pas à pas, docilement, respectueusement. Le 1er volume a 600 pages ; 200 à quelques unités près sont consacrées à chacun des trois trimestres. Si dans le second volume le premier trimestre a un peu plus d’étendue que les deux autres, c’est qu’il est en effet très chargé ; il embrasse tout le dix-septième, tout le dix-huitième siècle, tandis que le troisième ne va que de 1830 à 1875.

Qu’on ne croie pas que même ainsi comprise, dans des conditions qui semblent modestes, l’œuvre soit d’une exécution facile. Sous un titre qui se fait aussi humble que possible, Éléments d’histoire générale, que comprend le programme si ce n’est l’histoire universelle ? — l’histoire universelle à voir en deux années ! Les instructions ajoutent, il est vrai : « Abrégez, soyez ménagers de détails, ne vous attachez qu’aux grandes lignes. » Encore faudrait-il savoir si