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Notes et Réflexions sur l’Histoire
de l’Instruction populaire
en France.


Dans des articles précédents, nous avons étudié quelles étaient, sous l’ancienne monarchie, la situation du maître d’école et l’organisation des « petites écoles » elles-mêmes[1]. Il est facile d’en déduire que la masse du peuple devait être illettrée. Cependant, il y a des degrés dans l’ignorance comme il y en a dans l’instruction, et ces deux termes abstraits peuvent se comprendre de façon fort différente selon la moyenne que l’on croit devoir entendre par ces mots : l’instruction populaire, à tel point que des auteurs, raisonnant sur les résultats sans avoir observé les causes, et s’appuyant d’ailleurs sur les mêmes textes, sont arrivés à des conclusions absolument contraires[2]. Nous nous proposons, dans les pages qui vont suivre, de réunir un certain nombre de notes susceptibles d’éclairer ce chapitre toujours intéressant de notre histoire nationale.

Et d’abord, nous examinerons quelle importance il faut accorder aux deux éléments d’appréciation le plus souvent consultés dans ce genre d’études : le nombre des écoles et la proportion des illettrés.

  1. 1. Le maître d’école sous l’ancien régime, Revue pédagogique, avril-mai 1906. — L’école primaire sous l’ancien régime, ibid., septembre-octobre 1907. — Voir aussi : Les procédés employés dans les petites écoles antérieurement au XIXe siècle pour enseigner la lecture et l’écriture, Bulletin historique et philologique, année 1904.
  2. « L’instruction était organisée d’une manière bien plus complète il y a cent ans qu’aujourd’hui… » (Allain, L’instruction primaire avant la Révolution, 2e édition, p. 40.) — « Cette instruction généralisée éclate à chaque pas dans les documents… » (D. Estaintot, L’instruction primaire avant 1789.) — D’autres auteurs, et ils sont légion, concluent avec Jules Simon (L’Ecole) que la France était « profondément, déplorablement ignorante ».