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BIBLIOGRAPHIE

sité de Marivaux vagabonde plus librement que jamais dans le domaine indéfini de la chronique, de l’article de journal. Plus qu’ailleurs encore, dans cette partie de son œuvre, un choix est nécessaire, pour séparer ce qui a de la valeur de ce qui tend à être simplement « de la copie ». Quand on a procédé à ce tri, il reste des réflexions qui ne sont pas toujours très neuves, mais qui sont joliment présentées, sur les jeunes coquettes et les jeunes fats, sur les vaniteux et les avares, sur les gens de lettres ; il reste aussi des idées qu’on ne peut s’empêcher d’appeler « modernes », sur l’inégale répartition des richesses, sur le féminisme, sur l’éducation indulgente, sur ce travers qu’ont les Français de se dénigrer eux-mêmes. Tout cela, sans doute, n’appartient pas en propre à Marivaux ; il a surtout traduit des pensées qui étaient dans l’air autour de lui ; mais il ne nous est pas indifférent de posséder en lui un témoin de son siècle, témoin qui, au surplus, « sait sa langue » et donne à ses causeries la même allure séduisante qu’à ses comédies et aux bons chapitres de ses romans.

Séduisant, tel est le qualificatif auquel on s’arrêtera le plus volontiers, après avoir fait la connaissance de Marivaux. Sa place, dans notre xviiie siècle, n’est pas une place de premier plan : par l’ampleur de leur œuvre et l’efficacité de leur action, d’autres ont mérité d’être plus glorieux que lui ; et, tout « philosophe » qu’il est, il n’a pris qu’une part bien secondaire à la propagande des idées nouvelles, Mais, en revanche, il a été psychologue et artiste, à une époque où l’on ne se réservait plus guère le temps d’être l’un ou l’autre ; il a quelques parties excellentes de romancier réaliste ; et son théâtre, original et vrai, est la seule production vivace de notre littérature dramatique, entre Lesage et Beaumarchais.


En ces dernières années, à propos soit du chemin de fer de Bagdad, soit de la révolution persane, soit de la concurrence des grandes puissances du côté de l’Iran, l’attention s’est trouvée attirée vers la Perse longtemps peu connue ou négligée[1]. Longtemps demeurée semblable à elle-même, la Perse paraît vouloir se transformer. Quoi qu’il arrive, c’est un moment critique de son histoire et qui doit

  1. Même abstraction faite des missions archéologiques (de Morgan, par exemple), la Perse n’a pas cessé d’être l’objet des études des spécialistes. Ces derniers temps, il y a recrudescence à ce point de vue : Sven Hedin en 1905, Mac Mahon en 1903-5, Stahl de 1895 à 1905, la Cie Lacoste en 1906-7 enrichissent beaucoup la science, surtout pour la partie E. du plateau de l’Iran, Pour la partie W. on pourra rapprocher du livre d’Aubin l’article de Mecquenem sur la région d’Ourmiab (Ann. de Géog., 15 mars 1908).