L’ENSEIGNEMENT AGRICOLE
À L’ÉCOLE PRIMAIRE
Les instructions ministérielles du 4 janvier 1897 ont précisé le sens dans lequel MM. les instituteurs doivent diriger leurs efforts pour initier leurs élèves à l’étude de l’agriculture, afin de les mettre à même de pratiquer dans la suite avec plus de goût et plus de profit les travaux agricoles, afin surtout de les attacher aux champs trop délaissés aujourd’hui.
Il est reconnu que, pour atteindre ce but, l’on ne doit pas analyser devant des enfants de dix à douze ans, assis sur les bancs de l’école, la valeur relative des diverses méthodes de culture ; qu’il est inutile de surcharger leur mémoire et leur intelligence par l’étude détaillée des progrès récents que la science a réalisés dans les procédés agricoles ; qu’il est dangereux de critiquer systématiquement à l’école les travaux routiniers des paysans[1]. En revanche, le maître doit porter tous les soins à diriger, chaque jour, l’attention de ses jeunes élèves vers les choses de l’agriculture. Par des leçons habilement graduées, il s’appliquera à rendre intelligibles aux fils de paysans, aux futurs agriculteurs, les causes qui président aux phénomènes de la vie des champs et qui déterminent, suivant les saisons, le climat et le temps, la suite des travaux agricoles, dont l’ordre, consacré par la routine, nous a été révélé grâce aux observations patientes et à l’expérience séculaire de nombreuses générations de cultivateurs.
Ainsi dirigé, l’élève de l’école primaire rurale s’intéressera de bonne heure aux travaux de son père ; mis à même de les mieux comprendre, il nourrira le secret et légitime espoir de les pratiquer avec plus de succès ; et, dès qu’il formera des projets d’avenir, poussé par cette ambition innée chez l’homme de faire mieux que les parents et de dépasser les voisins, il sera naturellement conduit
- ↑ C’est du moins le résultat démontré par l’expérience tentée de 1891 à 1895, dans les écoles des Landes, par M. Mondiet, inspecteur d’académie, et par l’auteur de cet article.