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Nouvelle série. Tome XXXII.
N°3.
15 Mars 1898.

REVUE PÉDAGOGIQUE

JULES SIMON[1].


M. Jules Simon était né en 1814. Il est mort en 1896. Sa vie a donc été chargée d’années, Elle a été plus chargée encore d’œuvres, d’actes et d’événements. Pour la raconter, même en abrégé, c’est un chapitre de l’histoire philosophique de la France et plusieurs chapitres de son histoire politique qu’il faudrait écrire. Je ne l’essaierai pas. D’ailleurs, dans cette Académie, l’œuvre n’est plus à faire. Il y a plus d’un an déjà, à votre avant-dernière séance annuelle, les principales péripéties de cette ample existence aux cent actes divers ont été retracées par le successeur de M. Jules Simon au secrétariat perpétuel, dans une large peinture, franche d’exécution comme une fresque, ordonnée comme un tableau d’histoire. Je n’essaierai pas davantage de fixer tous les aspects de l’homme. Ils échappent à la définition. M. Jules Simon ne fut pas de ceux qu’un caractère plus saillant que les autres permet de classer à coup sûr dans une catégorie déterminée. Il eut tant de facultés différentes qu’on est fort embarrassé de discerner entre elles une faculté maîtresse, et il les eut toutes à un tel degré que selon les époques, selon les circonstances, chacune d’elles apparaît à son tour comme la dominante des autres. Professeur, philosophe, écrivain, orateur, journaliste, politique d’opposition, politique de gouvernement, il brilla dans chacun de ces rôles, et toujours on l’eût dit spécialement fait pour ce qu’on le voyait faire. Et telle était la ductilité de ses qualités natives et de ses qualités acquises, leur plasticité à former des assemblages divers,

  1. Notice lue à l’Académie des sciences morales et politiques dans la séance du 5 février 1898.