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point de vue des progrès des études comme des mœurs ; et les élèves affluèrent de toutes parts dans les maisons de la Vie commune. À la fin du XVe siècle on comptait plus de cinquante collèges de Frères depuis la Flandre française (Cambrai, Valenciennes) jusqu’au Mecklembourg et à la Prusse.

Ici commence la troisième et dernière époque de leur histoire, l’époque littéraire. Cédant à l’influence des initiateurs de la Renaissance italienne, ils s’adjoignirent comme professeurs des humanistes et transformèrent leurs pensionnats en gymnases pour l’étude des langues grecque et latine. Cette époque fut illustrée par l’enseignement des Alex. Hegius, des Synthem, des Murmellius, des Torrentinus, des Despauterius. Ces maîtres ont, à leur tour, accompli une réforme salutaire dans les études, en simplifiant et rectifiant les grammaires latines du moyen âge (le Doctrinal d’Alex. de Villedieu et le Grécisme d’Evrard de Béthune), qui étaient pour les enfants de vrais casse-tête chinois, et en ajoutant aux matières anciennes trois ou quatre disciplines nouvelles : l’histoire, la géographie, l’histoire naturelle, le grec.

C’est dans les écoles de la Vie commune que se sont formés des humanistes tels que Erasme, Rodolphe Agricola, Josse Bade, Aubert Le Mire, Jean Sturm, qui ont si bien mérité de la république des lettres. Cette influence progressive des Hiéronymites s’est fait sentir, par contre-coup, jusqu’en France par deux intermédiaires : Jean Standonk, élève de l’école de Louvain, et J. Sturm, formé par les Frères de Liège — Le premier, envoyé par les Frères à Paris, comme devait l’être plus tard Erasme, devint recteur de notre Université et, par ses sages règlements, restaura les études du collège Montaigu, qui était tombé très bas par suite de mauvaise gestion des fonds. — C’est au second que Strasbourg doit la fondation de ce gymnase qui est devenu si célèbre et a servi de modèle à tous les collèges protestants du xvie et xviie siècle. Or le programme des études proposé par Sturm au magistrat de Strasbourg était emprunté à celui de l’école de Liège. — Après avoir jeté un vif éclat, les collèges des Frères de la Vie commune déclinèrent vers la fin du xvie et disparurent au xviie siècle, par l’effet de deux causes : 1° les progrès de l’imprimerie, qui tuèrent l’industrie des manuscrits qui formait leur principale ressource ; 2° l’invasion des jésuites qui, favorisés par les évêques, les supplantèrent dans la plupart des écoles des Pays-Bas méridionaux.

Les premières Arithmétiques. Quels sont les plus anciens traités d’arithmétique imprimés dans les différentes langues de l’Europe ? La question a été posée récemment par un bibliographe anglais, M. F. Hendriks, dans la Revue « Notes and Queries ». M. Hendriks rappelle qu’une très importante monographie a été publiée en 1847 par De Morgan sous le titre : Arithmetical Books from the invention of