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LA PRESSE ET LES LIVRES



Franck Le Savoureux. — Nous avons annoncé dans notre dernier numéro la mort prématurée de notre collaborateur Franck Le Savoureux. La Petite République française a consacré à son souvenir un long article dont nous croyons intéressant de reproduire une partie. Après avoir raconté sa vie et montré le zèle ardent avec lequel il se livrait à l’enseignement dans sa chaire de Melun, l’auteur ajoute :

« Le Savoureux, très désireux de bien faire, de suivre le mouvement des doctrines contemporaines tant chez nous qu’à l’étranger, ne se ménageait pas assez. Il fut bientôt miné par une maladie lente qui le terrassa. Il dut renoncer à propager par la parole cette science de la sagesse qu’il répandait en sage : il fut nommé censeur au lycée de Sens, il y a quelques mois. Là, il étudia, il observa, il fit de la pédagogie pratique. Il eût été certainement un réformateur, car il se rendait bien compte des améliorations que l’internat réclame ; mais le mal continuait à l’accabler. Il dut prendre un congé, partit pour le Midi, el, malgré la douceur du climat, y mourut.

»… Jusqu’à la fin, il s’enfiévra d’ardeur, il concentra, dans le peu de jours qu’il lui était donné de vivre, la plus grande somme d’énergie possible pour mener à bien une œuvre qui lui était chère. Il préparait un grand ouvrage sur la pédagogie. Il espérait que ce serait sa thèse de doctorat, que ce serait l’expression définitive de ce système qu’il rêvait, où la théorie et l’application se mêleraient, où le cœur trouverait son compte comme l’esprit, où le caractère, où l’âme seraient élevés comme l’intelligence est formée. Il avait passé par une patiente initiation à la Revue pédagogique, à la Revue internationale de l’enseignement. Là surtout, grâce à la revue des livres qu’il écrivait chaque mois, il s’était familiarisé aux méthodes usitées ou bien projetées chez nos voisins. Il avait acquis une prodigieuse érudition qu’il avait l’art de s’associer et dont il se servait pour corriger ses vues personnelles, pour redresser les erreurs où sa nature d’apôtre, éprise du progrès, encline à la hardiesse, pouvait s’égarer. Son traité paraîtra-t-il ? Je ne sais. Est-il assez avancé pour être livré à l’impression ? N’est-il encore qu’un amas de notes confiées à des fiches ?

» Par bonheur, Franck Le Savoureux a donné comme un aperçu, comme un abrégé de ses principes, de ses sentiments surtout, dans un petit volume qu’en 1889, sous son pseudonyme de Franck d’Arvert, il dédiait à la Révolution française. Le texte est court, mais, en peu de pages, combien expressif, combien pressant ! Nul pédantisme,