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REVUE PÉDAGOGIQUE

M. Caïre ajoute, à propos de l’article de M. Estienne sur les « conférences d’instruction civique » :

« Un de mes collègues de Brest, dans un des derniers numéros de la Revue, a fait part d’une innovation en principe excellente. Je ne voudrais décourager personne, et cependant je crains fort que cette tentative ne soit pas efficace. Les conférenciers ne feront peut-être pas défaut, mais auront-ils des auditeurs ? Ici même, dans une ville de 4,000 habitants, des conférences ont été organisées : elles sont faites par des licenciés pleins d’ardeur et de dévouement, sur des sujets de morale, de littérature, de droit usuel, de sciences, d’histoire : eh bien, lorsque trente personnes y assistent, c’est un événement à Sisteron !

» Un autre exemple attristant : les professeurs d’agriculture sont indispensables, tout le monde le reconnaît ; leur zèle et leurs aptitudes sont reconnus hautement : combien de paysans profitent de leur passage pour les entendre, les consulter, les applaudir ? Sans la présence de quelques amis ou de quelques personnes que la curiosité attire, ces admirables apôtres de la science agricole parleraient dans une salle vide.

» Ces exemples me fortifient dans ma foi, que c’est par le livre que doivent se propager toutes les idées morales ou scientifiques, qu’il s’agisse de la Bretagne ou de la Provence. »


Un correspondant nous écrit du Russey (Doubs), à propos de l’article de M. J. V. sur l’enseignement du dessin (voir notre dernier numéro) :

« Comme M. J. V., je ne suis pas partisan de l’emploi du cahier-méthode pour les leçons de dessin à l’école primaire. Le cahier-méthode a certainement quelques avantages. En effet, il exerce la main de l’enfant ; mais souvent le dessin que fait l’élève est difficile. Beaucoup de ces cahiers reproduisent, dans la partie inférieure de la page, le dessin en pointillé que l’élève doit repasser à l’encre. Avouez que ce procédé, surtout au cours supérieur, ne doit pas donner d’excellents résultats. L’enfant ne s’habitue pas à dessiner le contour d’un objet. Il suffit, pour lui, qu’il fasse de beaux traits cachant le pointillage, et le dessin est bien. Il est vrai que ce procédé facilite singulièrement la tâche du maître, qui est dispensé de faire à l’avance le dessin au tableau noir ; pourvu qu’il habitue ses élèves à faire des traits purs et nets, il sera censé leur avoir enseigné à dessiner. »

Après avoir signalé divers inconvénients qui lui font repousser l’usage du cahier-méthode mis entre les mains des élèves, notre correspondant, M. I. A., se demande si le maître ne pourrait pas toutefois en tirer un parti utile pour son enseignement ; et il répond par l’affirmative.

« Alors à quoi serviront les cahiers-méthodes ? Comme M. J. V., je suis d’avis que le maître s’en serve pour faire un choix sérieux des dessins qu’il fera faire par ses élèves. Il pourra les choisir con-