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L.-Fernandez NAVARRO. — L’ÉTAT ACTUEL

Hélène n’est pas comprise dans ce plateau sous-marin, ni ne se réunit au continent africain ; c’est un pic aigu isolé et comme perdu dans l’immense solitude de l’Atlantique méridional.

Cette topographie, dont la figure 1 nous donne une idée claire, fait naître aussitôt dans la pensée l’image d’un immense géosynclinal, d’un anticlinal flanqué de deux synclinaux, où, comme dans l’antique Tethys de Suess s’est élaboré le monde alpin, se préparerait aujourd’hui l’éclosion d’un continent futur étendu qui changerait d’une façon radicale la loi de distribution des terres et des mers. Je me hâte de dire que cette hypothèse audacieuse, qui subvertirait beaucoup d’idées considérées aujourd’hui comme fondamentales en Géographie physique, ne s’appuie sur aucune base ferme, car nous ne savons rien de la structure du sol sous-marin et peu de chose de sa composition superficielle.


Fig. 2 — Carte bathymétrique de la région des Açores, d’après M. Thoulet.

Cet aspect de grandes inégalités qu’accuse l’étude d’ensemble du fond sous-marin ne s’atténue pas si l’on examine en détail une région limitée. On peut le vérifier, par exemple, sur la dernière carte bathymétrique des Açores, due à Thoulet (fig. 2). L’ensemble de l’archipel s’élève sur une plate-forme allongée dans le sens E-W, d’environ 2 000 m. de profondeur, mais à l’intérieur de laquelle on a enregistré de grandes dépressions qui fréquemment sont de véritables fosses. Sur cette plate-forme, la courbe de niveau de 1 500 m. dessine trois autres plates-formes plus petites, isolées, sur chacune desquelles siège un groupe d’îles. Le plus important de ces trois piédestaux est le piédestal central, qui porte les îles San Miguel, Terceira, Graciosa, San Jorge, Pico, Fayal et les bancs Açor et Princesse Alice ; dans celui-ci, il y a des fosses aussi profondes que celle de l’Hirondelle, comprise entre Terceira et San Miguel, qui offre des sondages de 3 500 mètres, et que celle comprise entre San Jorge, Graciosa et Terceira, étroite dépression qui s’abaisse jusqu’à 2 419 m. Le plateau occidental, sur lequel reposent les îles Corvo et Flores, est plus nivelé, et entre lui et le précédent s’élèvent deux autres plates-formes analogues, mais qui ne supportent pas d’îles.

La reconnaissance des Canaries et de leurs environs est non moins instructive à cet égard[1] (fig. 3). La ligne de 2 000 brasses (environ 3 600 m.) passe au large de l’archipel, quoique près de ses îles occidentales, et se dirige vers le N. E. en longeant les îles Salvajes et le banc de Dacia (31° lat. N., 14° long. W.), pour tourner au N W

  1. Voir spécialement : P. Migmue Vigil : Le fond de la mer entre la Péninsule et les Canaries. Memorias de la Real Soc. española de Historia natural.