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L.-Fernandez NAVARRO. — L’ÉTAT ACTUEL DU PROBLÈME DE L’ATLANTIDE

L’ÉTAT ACTUEL DU PROBLÈME DE L’ATLANTIDE

deuxième partie[1]

IV

Avant de passer à l’étude du problème du point de vue purement géologique, ou pour mieux dire tectonique, il nous faut dire quelques mots de la bathymétrie de l’Atlantique et du peu que les plus récentes recherches nous enseignent sur la nature de ses fonds.

Dans l’ensemble, le fond de cet océan (fig. 1) se
Fig. 1. — Carte bathymétrique de l’Atlantique.
présente à nous comme un plateau allongé dans le sens de son axe, encadré de deux sillons marginaux, dont l’occidental est plus profond que celui qui borde les côtes européennes. Ainsi, une section transversale entre la Floride et la côte méridionale de l’Espagne, en passant par les Açores, nous conduit rapidement, à partir des côtes américaines, à des profondeurs supérieures à 4 000 m., dans lesquelles s’élèvent, comme un accident local, les Bermudes et desquelles on monte par échelons jusqu’à la plate-forme où culminent, au-dessus de l’eau, les Açores. À l’E de ces dernières, une pente brusque fait de nouveau descendre le fond à plus de 4 000 mètres ; il se relève peu après pour émerger des flots à l’île de Madère. De là jusqu’à nos côtes, la dépression est moins profonde et plus étroite.

Si nous suivons le tracé de la courbe de niveau de 4 000 m. de profondeur, et si nous supposons que le niveau de la mer soit abaissée jusque là, la forme des nouvelles terres émergées sera très intéressante. Toute l’Europe formera un massif unique, les mers intérieures : Baltique, mer du Nord, mer d’Irlande, ayant disparu, et le littoral courra presque sans sinuosités du N au S, en passant très à proximité des côtes ibériques actuelles. En passant vers le détroit de Gibraltar, maintenant effacé, les terres feront vers l’W un saillant pour comprendre les îles Madère et divers bancs sous-marins (Joséphine, Gettysburg,  etc.). Un golfe allongé du SW au NE pénétrera jusqu’aux terres marocaines, limité au S par un autre saillant plus grand qui soudera les Canaries et les îles du Cap-Vert au continent africain. Du côté du continent américain, les côtes n’avanceront pas beaucoup vers l’E, excepté dans la mer des Antilles et le golfe du Mexique, qui émergeront en totalité (fig. 1).

La côte du Labrador s’unira à l’Europe par l’intermédiaire du Groenland, de l’Islande et des îles Feroe. De cette terre circumpolaire s’avancera vers le S une péninsule qui se prolongera suivant l’axe de l’Atlantique, jusqu’à environ 60° de latitude sud, en comprenant les îles Açores, Saint-Paul, de l’Ascension, Tristan d’Acunha, Gough et Bouvet. La largeur maximum de cette langue de terre prolongée, dont la distance de la surface n’est en aucun point supérieure à 1 800 mètres, serait de 20° environ au niveau des Açores, pour se rétrécir beaucoup plus au Sud et s’élargir de nouveau depuis le parallèle de Tristan d’Acunha. Notons que la petite île de Sainte-

  1. Voir la première partie dans la Revue du 30 juillet 1916, xxvii, p. 425 et suiv.