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de la pension, avec un magister qui, armé d’un fouet redoutable, caresse l’échine des élèves, n’épargne point les soufflets, semble un affreux croquemitaine. Oh ! cette férule ! Elle fonctionne même pendant la leçon de plain-chant, « de sorte qu’il me fallait pleurer et chanter tout ensemble. » Quand il chantait, M. le maître, on aurait dit une herse passant sur un murger ; remuait-il la jambe, on entendait un cliquetis dans la jointure des genoux ; d’où le surnom de serpent à sonnettes, infligé par ses victimes. Plus tard, lorsque notre narrateur, déjà âgé de vingt ans, se remit à l’école, il trouva un maître qui avait « du talent, de la bonhomie, de la convenance ; » pour assister à ses leçons, on quittait la maison de bon matin, malgré la pousse et la neige, et de s’émerveiller en le voyant tracer de superbes majuscules à main levée. Vate bin quema il engardasse celet ; voyez comme il enfile cela, se disaient ces grands élèves de la classe d’adultes.

J’ai raconté ici même notre grande industrie pastorale[1] ; douze cents fromageries et beurreries qui répandent quelque aisance dans les villages, incitent les paysans au progrès, nos races de bétail améliorées, les domaines mieux tenus, mieux fumés, beaucoup de cultivateurs comprenant la nécessité d’abandonner l’antique routine, de se rapprocher de cet idéal agricole : moitié champs, moitié prés. Depuis 1890, le mouvement gagne de proche en proche ; après le Doubs et le Jura, la Haute-Saône, et, dans les cantons de Vitrey, Jussey, Saulx, du côté de Gray, les laiteries surgissent à vue d’œil, et non-seulement dans la Comté, mais en Haute-Marne, dans l’Ain, la Savoie, la Haute-Savoie. L’année 1890-1891 a été favorisée par une hausse extraordinaire : 150, 160, 165 francs les cent kilos, après avoir subi pendant dix ans les cours de 100, 110, 125 francs au maximum ; puis la baisse, une crise sérieuse, les grands marchands faisant la loi, beaucoup de fromagers médiocres engagés à la légère, entraînant la décadence, la ruine des fruitières, l’offre des tomes excédant la demande, la concurrence étrangère, l’influence des nouveaux tarifs de douane momentanément diminuée par ces causes et d’autres encore (la reprise s’accentue depuis quelques mois). Pas plus que les stations laitières de la Suisse, l’école de Mamirolle, fondée en 1867 par M. Viette, ne confère à ses élèves, avec le brevet, la capacité ; elle est, elle sera un grand bienfait, mais elle n’a pas encore donné tout ce qu’on en peut attendre, malgré le zèle de son directeur ; il y a eu des mécomptes, fabrications défectueuses, dépenses excessives, trop de fonctionnaires, de professeurs, trop peu d’hommes du métier.

  1. Voyez la Revue du 15 octobre 1890.