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L’EAU À PARIS


Depuis l’époque où une plume aussi précise qu’élégante savait ici même[1] revêtir la description des grands travaux de l’édilité parisienne d’un attrait bien fait pour intimider d’obscurs continuateurs, la question de l’eau a pris dans Paris une importance toujours grandissante. Avec celle des égouts, qui lui est aussi intimement liée que l’effet peut l’être à la cause, elle est au premier rang des préoccupations du jour.

L’hygiène a fait pénétrer ses notions les plus essentielles dans toutes les classes de la société. On sait aujourd’hui qu’il y a des eaux funestes et qu’il y en a de salutaires. Aussi, chaque fois que l’administration municipale, prise au dépourvu par un surcroît de consommation, substitue l’eau de Seine à l’eau de source en quelque quartier de la capitale, le public, très au courant des risques auxquels on l’expose, fait-il entendre des plaintes, que surexcitent, en les justifiant, les recommandations alarmantes, et souvent d’une application difficile, des hygiénistes. Comment en est-on venu là ? Quelles mesures sont prises pour remédier à une situation que l’exaltation de l’appréhension publique rend plus grave encore qu’elle ne l’est ? Quelle assurance peut-on avoir que nos inquiétudes n’auront plus lieu de se manifester, et que l’eau potable nous sera fournie en abondance ? C’est ce que nous voudrions examiner ici.

I.

Confortable, hygiène, mots aussi modernes que la chose elle-même. Nos pères en avaient-ils une idée ? Ce qui reste de leurs an-

  1. Voir, dans la Revue du 15 mai 1873, le Service des eaux à Paris, par M. Maxime Du Camp.