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ESCHYLE
SUR
LA SCÈNE FRANÇAISE


Les Érinnyes, qui viennent d’être jouées au théâtre de l’Odéon, y avaient paru une première fois il y a seize ans. La pièce n’est donc pas à présenter au public. L’auteur ne l’est pas davantage. Le talent poétique de M. Leconte de Lisle est depuis longtemps connu et apprécié comme il est digne de l’être. Tout le monde sait qu’il fait de très beaux vers et quel est leur genre de beauté. Il y en a beaucoup dans les Érinnyes, peut-être moins, à proportion, que dans d’autres de ses poèmes ; mais je n’ai pas le dessein d’engager un débat sur ce point ni de m’exposer à scandaliser personne par les réserves de mon admiration. Si je pense à revenir sur un ancien ouvrage, c’est qu’il a été repris avec un certain éclat et accueilli par des applaudissemens que le mérite des interprètes et l’élégance gracieuse ou pathétique de M. Massenet achevaient de justifier. Il me semble que ce succès est de nature à suggérer quelques réflexions. Quelle est sa valeur et quelles en sont les causes ? Jusqu’à quel point et à quelles conditions peut-on aujourd’hui espérer de réussir dans des tentatives analogues à celle qu’a faite le poète

tome xciii. — 1889.39