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peuples pour justifier ses recherches, c’est qu’il y en a. Parce que la langue de deux peuples diffère dans la généralité de ses éléments, il ne s’ensuit pas que ces deux peuples ne puissent appartenir à la même race ; partis d’une souche commune, ils se sont développés isolément de deux manières différentes. Que de dissemblances entre deux branches d’un même arbre ! D’ailleurs la Corée, par suite de sa situation relativement aux régions voisines, n’a pu, comme le Japon, recevoir sa population que du nord. La disposition géographique des lieux a nécessairement joué un grand rôle dans la migration des peuples ; il ne faut pas l’oublier[1].

Nous n’avons eu de renseignements un peu étendus sur la Corée qu’assez tard, et ils sont encore fort loin d’être complets, ainsi qu’on va en juger par l’esquisse historique de nos acquisitions successives.

La Corée est bien portée sur quelques cartes du commencement du xviie siècle, il en est bien parlé dans Palafox, mais ce ne sont guère que des citations ; et, malgré les relations suivies des Portugais et des Hollandais avec le Japon, qui en est si voisin, on n’en était pas plus instruit à ce sujet. Les premiers détails étendus qui soient parvenus en Europe datent de 1668 ; voici comment :

Le 10 janvier 1653, le navire hollandais l’Épervier, s’étant rendu du Texel à Batavia, où il arriva le 1er juin, reçut du gouverneur général de la Compagnie des Indes l’ordre de se diriger sur Thaï-ouân (que l’auteur de la relation écrit Tayowan), pour y transporter Cornelius Lesser, qui allait remplacer dans le gouvernement de Formose[2] Nicolas Verburg, dont les fonc-

  1. D’ailleurs M. Callery, qui est beaucoup plus compétent dans cette question que M. Klaproth, a reconnu les plus grands rapports entre les Japonais et les Coréens. Après avoir signalé la similitude profonde qu’il y a entre la Chine, la Cochinchine et le Tong-king, il ajoute : « La Corée, au contraire, se présente sous un aspect entièrement différent, et, chose remarquable, elle offre avec le Japon une telle analogie qu’on est naturellement porté à attribuer aux deux royaumes une seule et même origine. » Revue de l’Orient, t. 5, p. 274.
  2. Les Japonais occupaient Formose depuis longtemps, lorsqu’en 1634 ils permirent aux Hollandais de bâtir, à l’entrée du port de Thaï-ouan (aujourd’hui le chef-lieu des établissements chinois), le fort