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HISTOIRE.

Mémoires du Duc de Caraman.



Je crois qu’il y a une véritable utilité actuelle à mettre sous les yeux de la génération qui nous succède déjà le portrait d’un jeune débutant dans le monde du siècle qui vient de nous précéder ; et quel monde ! le grand théâtre vers lequel tous les yeux de l’Europe se portaient attentivement ; la cour la plus étrange, dominée par une femme-Empereur qui étendait l’ombre de son sceptre si haut par dessus les trônes des rois !

À vingt ans, admis à la faveur de son nom dans cette société si éclatante et si périlleuse, M. de Caraman parvint à y conquérir, par lui-même, et à y garder, malgré son âge, une position distinguée, en même temps qu’il y soutenait l’honneur français. Il préludait ainsi aux fonctions élevées qu’il devait remplir un jour dans cette carrière diplomatique, dont sa bienveillance a su nous aplanir l’accès, ses préceptes nous faciliter les devoirs, et son exemple nous montrer la récompense.

Nos héritiers dans les fastes politiques, comme tous ces jeunes esprits noblement ambitieux d’une activité, seul antidote aux périls des premières années, remarqueront, pour les imiter, cette soif des connaissances, cette ardeur insatiable des voyages qui, à une autre époque, excitait les imaginations françaises. M. de Châteaubriand rêvait, à vingt-deux ans, dans les forêts de l’Amérique, le passage au Pôle. M. de Caraman, plus jeune encore, traçait, dans les steppes de la Russie, le plan d’une longue pérégrination autour du globe. Tous deux, par une habitude d’observation contractée de bonne heure,