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dition de la réalité pour un objet de la pensée est la possibilité de le représenter sous l’empire de ces lois.

La doctrine qui prend ainsi, au lieu de la Substance, la Personne pour le principe de l’être parce qu’elle est le principe du connaître (LXX) exclut à plus forte raison le rattachement de l’universalité des conditions à un principe inconditionné qu’on éviterait de poser en contradiction avec le principe des lois en le déclarant, absolument inconnaissable. Il faudrait ajouter inconcevable, et, de plus, s’interdire (et c’est ce que l’absolutisme ne fait point) de lui rattacher les relations définies comme lois du monde phénoménal ; mais alors cette hypothèse vaine équivaudrait à l’aveu de l’ignorance absolue en tout ce qu’on voudrait supposer hors de l’ordre des relations qui seules peuvent se penser ; et ce serait une autre manière d’accepter le principe de relativité, mais en se dérobant à l’obligation de formuler la condition des conditions de l’ordre réel du monde en conformité avec le principe universel de la relativité, qui est le principe de l’entendement.

La condition des conditions est la Conscience considérée dans son expression suprême, c’est-à-dire dans la plus parfaite réalité concevable de la personnalité, de ses attributs et de ses fonctions. En elle seulement, dans l’idée que nous en atteignons en sublimisant nos puissances propres, nous comprenons ce que l’être et l’origine ont de compréhensible : Dieu par le monde et le monde par Dieu, l’intelligence par l’intelligence et la volonté par la volonté, puisque ce sont des faits de conscience irréductibles. L’idée de la création est abordable par celle de la liberté, principe de commencement, et par le sentiment de la vie, par l’amour, principe des fins. Ce sont les formes intelligibles de la Relation pre-