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renfermer a priori les doctrines métaphysiques dans une rigoureuse dichotomie logique (I et VI). Sans réduire les dilemmes à un seul de ceux qu’on a étudiés, puisque leurs sujets diffèrent, on réclamerait l’option du philosophe entre les deux points de vue possibles sous lesquels ils se rangent tous, pour poser une question unique. Mais une classification exclusivement logique n’a pas sur les esprits l’action qui pourrait appartenir à l’un des deux systèmes, pour appeler ou repousser l’adhésion, s’il était lui-même étroitement et tout entier rattaché à l’une de ses thèses, et à celle qui met le plus en jeu la raison pratique ; d’une autre part, et en fait, les principes abstraits de relativité et de contradiction sur lesquels il faudrait faire porter la décision sont ceux qui donnent lieu aux plus graves et à de constantes scissions des doctrines, pénétrées dans leur profondeur. L’impossibilité de démontrer, sans pétition de principe, le principe de contradiction, est un signe irrécusable de l’impossibilité de donner à la métaphysique un fondement qui ne demande rien pour s’établir aux coefficients pratiques de l’usage de la raison.

La question serait simplifiée, si la suite des thèses des dilemmes pouvait se disposer en ordre logique, chacune se déduisant de la précédente, et à la fois l’impliquant ; et de même la suite des antithèses. Les opinions philosophiques seraient certainement moins mêlées, les systèmes plus faciles à classer. Mais il n’en est rien, une thèse peut en impliquer logiquement une autre, sans que celle-ci logiquement l’implique, en sorte qu’il se peut qu’on admette celle-ci et qu’on rejette celle-là. D’autre part, un philosophe paraîtra accepter une thèse, en principe, et refusera d’en suivre les conséquences dans certaines de ses applications, sans qu’il soit pos-