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fleuves et riverains

profondément, même ceux qui ne sont pas les habitués d’un seul paysage, mais qui, par l’ampleur de leurs impressions et de leurs connaissances, embrassent l’univers, pour ainsi dire, et sont devenus les citoyens du monde entier. C’est ainsi que le grand naturaliste Hudson, ayant vécu longtemps aux bords du Rio Negro de Patagonie, essayait en vain de se représenter en rêve ou dans ses fantaisies d’imagination des paysages différents de ceux dont l’image avait pénétré son cerveau : partout il revoyait le plateau broussailleux, la pente rapide s’abaissant vers la rivière et le large courant disparaissant au détour d’un promontoire dans la lumière ou dans l’ombre[1].

type de barque en écorce, sur le niger.
(Voir page 97)
Dessin de George Roux d’après une photographie communiquée par le Muséum d’Histoire naturelle

Plus le paysage fluvial est simple, plus il domine l’esprit comme le seul possible à concevoir. Ceux qui résident près de la berge du Mississippi, un des fleuves qui maintiennent le mieux leur individualité

  1. Hudson, Idle Days in Patagonia.