Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome III, Librairie universelle, 1905.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
79
gouvernement paternel

plus évidente par l’opposition des morales respectives et, comme de juste, la tendance à l’unité de conception et de vie amena souvent des conflits entre les classes représentant les deux morales. Dans l’ancienne Chine comme dans la Chine moderne, les révoltes ont été
Bronze du Musée Guimet.Cl. Giraudon.
kong-fu-tse en costume royal
(Voir page 82).
fréquentes, mais presque toujours, se conformant au moule de la pensée populaire, elles prirent pour prétexte le respect des aïeux, l’observance des traditions, le souvenir pieux de quelque dynastie déchue. Même en pleine révolution, les Chinois gardent plus que les autres hommes, grâce à leur nature paysanne, l’esprit de loyauté conservatrice et le besoin de groupement. Les révoltes partielles sont rares, les protestations individuelles sont pour ainsi dire presque totalement inconnues. Le mécontentement prend un caractère collectif, et quand une révolution éclate, toujours propagée par les sociétés secrètes, le bouillonnement social se fait, en peu de temps, sentir d’un bout à l’autre du monde chinois.

D’ailleurs, les philosophes antiques du Royaume Fleuri avaient aussi reconnu que parfois l’insurrection est le plus saint des devoirs,