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Les jésuites n’eurent pas sujet d’être plus contents de la démarche où ils avaient engagé la reine mère[1] en obtenant de cette princesse un commandement à M. Arnauld d’aller à Rome pour y rendre compte de sa doctrine. Un pareil ordre souleva contre eux tous les corps, pour ainsi dire, du royaume. Le Clergé, le Parlement, l’Université, la Faculté de théologie, et la Sorbonne en particulier, allèrent les uns après les autres trouver la reine, pour lui faire là-dessus leurs très humbles remontrances, et pour la supplier de révoquer ce commandement, non moins préjudiciable aux intérêts du roi qu’injurieux à la Sorbonne et à toute la nation.

Mais ce fut surtout à Rome où ces Pères se signalèrent contre le livre de la Fréquente communion, et ils remuèrent toutes sortes de machines pour l’y faire condamner. Ils y firent grand bruit d’un endroit de la préface qui n’avait aucun rapport avec le reste du livre, et où, en parlant de saint Pierre et de saint Paul, il est dit que ce sont deux chefs de l’Église qui n’en font qu’un, et songèrent à profiter de l’alarme où l’on était encore en ce pays-là des prétendus desseins du cardinal de Richelieu, qu’on avait accusé de vouloir établir un patriarche en France. Ils faisaient donc entendre que, par cette proposition, M. Arnauld

  1. Anne d’Autriche.