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profondeur de sa doctrine. Il ne connaissait point alors la Mère Agnès ; il avait même été préoccupé contre le Chapelet secret, à cause des différends qu’il avait causés. Mais, l’ayant trouvé très bon, il avait pris la plume pour défendre la vérité, qui lui semblait opprimée. Il n’avait pas mis son nom à son ouvrage, non plus qu’à ses autres livres ; mais l’évêque de Langres, ayant su que c’était de lui, l’alla chercher pour le remercier. À mesure qu’il le connut plus particulièrement, il fut épris de sa rare piété et de ses grandes lumières ; et, comme il n’avait rien plus à cœur que de porter les filles du Saint-Sacrement à la plus haute perfection, il jugea que personne ne pouvait mieux l’aider dans ce dessein que ce grand serviteur de Dieu. Il le conjura donc de venir faire des exhortations à ces filles, et même de les vouloir confesser. L’abbé lui résista assez longtemps, fuyant naturellement ces sortes d’emplois, et se tenant le plus renfermé qu’il pouvait dans son cabinet, où il passait, pour ainsi dire, les jours et les nuits, partie dans la prière, et partie à composer des ouvrages qui pussent être utiles à l’Église. Enfin, néanmoins, les instances réitérées de l’évêque lui paraissant comme un ordre de Dieu de servir ces filles, il s’y résolut.

Dès que la Mère Angélique eut entendu parler M. de Saint-Cyran des choses de Dieu, et qu’elle eut connu par quel chemin sûr il conduisait les âmes,