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son père, et à toute sa famille, la connaissance de ce saint prélat, qui fit un voyage à Port-Royal pour y voir la Mère Agnès de Saint-Paul, sœur de l’abbesse. Charmé de se trouver dans une famille si pleine de vertu et de piété, il allait voir très souvent M. Arnauld, son père, et M. d’Andilly, son frère, et à Paris et à une maison qu’ils avaient à la campagne. La dernière fois qu’il les vit, il donna sa bénédiction à tous leurs enfants, et entre autres au célèbre M. Arnauld, docteur de Sorbonne, qui n’avait alors que six ans. La bienheureuse mère de Chantai vécut encore vingt ans depuis qu’elle eut connu la Mère Angélique ; elle ne faisait point de voyage à Paris qu’elle ne vînt passer plusieurs jours de suite avec elle, versant dans son sein ses plus secrètes pensées, et désirant avec ardeur que les filles de la Visitation et celles de Port-Royal fussent toujours unies du même lien d’amitié qui avait si étroitement uni leurs deux mères.

Après cinq ans de travail à Maubuisson, la Mère Angélique, se trouvant déchargée du soin de cette abbaye par la nomination que le roi avait faite d’une autre abbesse[1] en la place de Mme d’Estrées, elle se résolut d’aller retrouver sa chère communauté de Port-Royal. Elle ne l’avait pas laissée néanmoins entièrement orpheline, l’ayant mise, en partant, sous

  1. Charlotte de Bourbon-Soissons.