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au Conseil, où il les fît assigner elles-mêmes. Mais comment auraient-elles pu s’y défendre ? Il y avait des ordres très sévères pour leur interdire toute communication avec les personnes du dehors, et on mit même à la Bastille un très honnête homme, qui, depuis plusieurs années, prenait soin, par pure charité, de leurs affaires temporelles[1]. Ainsi il ne restait d’autre parti que celui de souffrir et de prier Dieu. Il arriva néanmoins que, sans leur participation, quelques copies de leurs procès-verbaux tombèrent entre les mains de quelques personnes, et bientôt furent rendues publiques. Ce fut une très sensible mortification pour M. l’archevêque. En effet, rien ne lui pouvait être plus désagréable que de voir ainsi révéler tout ce qui s’était passé en ces occasions. Comme il n’y eut jamais d’homme moins maître de lui quand il était une fois en colère, et que d’ailleurs il n’avait pas cru devoir être beaucoup sur ses gardes en traitant avec de pauvres religieuses qui étaient à sa merci, et qu’il pouvait écraser, pour ainsi dire, d’un mot, il lui était échappé dans ces deux visites beaucoup de paroles très basses et très peu convenables à la dignité d’un archevêque, et même très puériles, dont il ne s’était pas souvenu une heure après ; tellement qu’il fut fort surpris, et en même temps fort honteux

  1. M. Akakia.