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auteurs. En effet, pour regagner cette estime du public, à laquelle ils sont si sensibles, ils n’avaient qu’à désavouer de bonne foi ces mêmes auteurs, et à remercier l’auteur des Lettres de l’ignominie salutaire qu’il leur avait procurée. Bien loin de cela, il n’y a point d’invectives à quoi ils ne s’emportassent contre sa personne, quoiqu’elle leur fût alors entièrement inconnue. Le Père Annat disait que, pour toute réponse à ces quinze premières Lettres, il n’y avait qu’à lui dire quinze fois qu’il était un janséniste ; et l’on sait ce que veut dire un janséniste au langage des jésuites. Ils voulurent même l’accuser de mauvaise foi dans la citation des passages de leurs casuistes. Mais il les réduisit au silence par ses réponses. D’ailleurs il n’y avait qu’à lire leurs livres pour être convaincu de son exacte fidélité. Et malheureusement pour eux beaucoup de gens eurent alors la curiosité de les lire : jusque-là que, pour satisfaire l’empressement du public, il se fit une nouvelle édition de la Théologie morale d’Escobar, laquelle est comme le précis de toutes les abominations des casuistes ; et cette édition fut débitée avec une rapidité étonnante. Dans ce temps-là même il arriva une chose qui acheva de mettre la vérité dans tout son jour. Un des principaux curés de Rouen[1], qui avait lu les Petites

  1. Du Four, abbé d’Aulney et curé de Saint-Maclou.