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lorsqu’ils avaient tort, et à défendre ses ennemis s’il lui paraissait qu’ils eussent raison ; qu’au reste, jamais théologien n’eut des opinions si saines et si pures sur la soumission qu’on doit aux rois et aux puissances légitimes ; que non seulement il était persuadé, comme nous l’avons déjà dit, qu’un sujet, pour quelque occasion que ce soit, ne peut point s’élever contre son prince, mais qu’il ne croyait pas même que dans la persécution il pût murmurer.

Toute la conduite de sa vie a bien fait voir qu’il était dans ces sentiments. En effet, pendant plus de quarante ans qu’on a abusé, pour le perdre, du nom et de l’autorité du roi, a-t-il manqué une occasion de faire éclater et son amour pour sa personne, et son admiration pour les grandes qualités qu’il reconnaissait en lui ? Obligé de se retirer dans les pays étrangers pour se soustraire à la haine implacable de ses ennemis, à peine il y fut arrivé qu’il publia son Apologie pour les catholiques ; et l’on sait qu’une partie de ce livre est employée à justifier la conduite du roi à l’égard des huguenots, et à justifier les jésuites mêmes. M. le marquis de Grana, ayant su qu’il était caché dans Bruxelles, le fit assurer de sa protection ; mais il témoigna en même temps un fort grand désir de voir ce docteur dont la réputation avait rempli toute l’Europe. M. Arnauld ne refusa point sa protection ; mais il le fit prier de le laisser dans son obscurité, et