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sure dont nous venons de parler, et qui lui parut toujours l’ouvrage d’une cabale.

La vérité est pourtant que, tandis qu’il fut coadjuteur, c’est-à-dire dans le temps qu’il fut à la tête de la Fronde, Messieurs de Port-Royal eurent très peu de commerce avec lui, et qu’il ne s’amusait guère alors de leur communiquer ni les secrets de sa conscience ni les ressorts de sa politique. Et comment les leur aurait-il pu communiquer ? Il n’ignorait pas, et personne dès lors ne l’ignorait, que c’était la doctrine de Port-Royal, qu’un sujet, pour quelque occasion que ce soit, ne peut se révolter en conscience contre son légitime prince ; que, quand même il en serait injustement opprimé, il doit souffrir l’oppression, et n’en demander justice qu’à Dieu, qui seul a droit de faire rendre compte aux rois de leurs actions. C’est ce qui a toujours été enseigné à Port-Royal ; et c’est ce que M. Arnauld a fortement maintenu dans ses livres, et particulièrement dans son Apologie pour les catholiques, où il a traité la question à fond. Mais non seulement Messieurs de Port-Royal ont soutenu cette doctrine ; ils l’ont pratiquée à la rigueur. C’est une chose connue d’une infinité de gens que pendant les guerres de Paris, lorsque les plus fameux directeurs de conscience donnaient indifféremment l’absolution à tous les gens engagés dans les deux partis, les ecclésiastiques de Port-Royal tinrent toujours ferme à la refuser à ceux