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notice biographique sur rabelais

Il s’en écartait moins dans des publications d’un genre tout populaire qu’il commença vers la même époque et poursuivit plus ou moins régulièrement pendant quinze ans. Une bonne partie des almanachs qui circulaient en France, était imprimée à Lyon. L’idée vint à Rabelais de publier un almanach ; et nous avons les titres et quelques fragments de plusieurs livrets de ce genre, mis au jour entre 1535 et 1550. La Pantagrueline prognostication nous est parvenue tout entière ; d’abord exclusivement relative à l’année 1533, elle prit ensuite un caractère plus général, et fut destinée à « l’an perpétuel ».

Si l’on écarte de ces écrits les plaisanteries amusantes, mais parfois d’un goût assez douteux, qui étaient destinées à les rendre populaires, on est frappé de la grandeur de la doctrine qui en fait le fond et de la véritable éloquence avec laquelle elle est exprimée.

Parlant ainsi, dans l’Almanach pour l’an 1533, des événements à venir il s’écrie :

« Ce sont secrets du conseil estroit du Roy eternel, qui tout ce qui est, & qui se fait, modere a son franc arbitre & bon plaisir… Dont en tous cas il nous convient humilier, & le prier, ainsy que nous a enseigné Iesus Christ nostre Seigneur, Que soit fait non ce que nous souhaitons & demandons, mais ce que luy plaist, & qu’il a estably, deuant que les cieux fussent formez. Seulement que en tout & par tout son glorieux nom soit sanctifié. »

En tête de la Pantagrueline prognostication, il écrit cette magnifique page, qui, si l’on modifiait quelque archaïsme,