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le tiers livre.

Satyres. Chose que tous desirent, & peu de gens l’impetrent des cieulx. Par consequent, coqu iamais : car faulte de ce est cause sans laquelle non, cause vnicque, de faire les mariz coquz. Qui faict les coquins mandier ? C’est qu’ilz n’ont en leurs maisons de quoy leur sac emplir. Qui faict le loup sortir du bois ? Default de carnage. Qui faict les femmes ribauldes ? Vous m’entendez assez. I’en demande à messieurs les clers, à messieurs les presidens, conseillers, aduocatz, proculteurs & aultres glossateurs de la venerable rubricque de frigidis et maleficiatis[1].

Vous (pardonnez moy si ie mesprens) me semblez euidentement errer interpretant cornes pour cocuage. Diane les porte en teste à forme de beau croissant. Est elle coqüe pourtant ? Comment diable seroyt elle coquüe, qui ne feut oncques mariée ? Parlez de grace correct, craignant qu’elle vous en face au patron que feist à Acteon. Le bon Bacchus porte cornes semblablement : Pan : Iuppiter Ammonien, tant d’aultres. Sont ilz coquz ? Iuno seroit elle putain ? Car il s’ensuiuroyt par la figure dicte Metalepsis. Comme appelant vn enfant en præsence de pere & mere, champis ou auoistre, c’est honnestement, tacitement dire le pere coqu, & sa femme ribaulde. Parlons mieulx. Les cornes que me faisoit ma femme sont cornes d’abondance, & planté de tous biens. Ie le vous affie. Au demourant ie seray ioyeulx comme vn tabour à nopces, tousiours sonnant, tousiours ronflant, tousiours bourdonnant & petant. Croyez que c’est l’heur de mon bien. Ma femme sera coincte & iolie : comme vne belle petite Chouette. Qui ne le croid, d’enfer aille au gibbet. Noel nouuelet[2].

  1. Voyez ci-dessus, p. 142, la note sur la l. 4 de la p. 156.
  2. Ces mots sont le refrain d’un noël, auquel appartient le vers qui les précède.