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chapitre liiii.


tressalubre tant es malades, comme es sains.

Non aultrement, respondit Homenaz. Nous sommes simples gens, puys qu’il plaist à Dieu. Et appellons les figues, figues : les prunes, prunes : & les poires, poires.

Vrayement, dist Pantagruel, quand ie seray en mon mesnaige (ce sera, si Dieu plaist, bien toust) i’en assieray & hanteray en mon iardin de Touraine sus la rive de Loyre, & seront dictes poires de bon Christian. Car oncques ne veiz Christians meilleurs que sont ces bons Papimanes.

Ie trouveroys (dist frère Ian) aussi bon qu’il nous donnast deux ou troys chartées de ses filles.

Pourquoy faire ? demandoit Homenaz.

Pour les saigner, respondit frère Ian, droict entre les deux gros horteilz avecques certains pistolandiers de bonne touche. En ce faisant sus elle nous hanterions des enfans de bon Christian, & la race en nos pays multiplieroit : es quelz ne sont mie trop bons.

Vraybis (respondit Homenaz) non ferons, car vous leurs feriez la follie aux guarsons : ie vous congnoys à vostre nez, & si ne vous avoys oncques veu. Halas, halas, que vous estes bon filz. Vouldriez vous bien damner vostre ame ? Nos Decretales le defendent. Ie vouldroys que les sceussiez bien.

Patience, dist frère Ian. Mais, si tu non vis dare, præsta quesumus. C’est matière de breviaire. Ie n’en crains home portant barbe, feut il docteur de Chrystallin (ie diz Decretalin) à triple bourlet.

Le dipner parachevé, nous prinsmes congié de Homenaz, & de tout le bon populaire, humblement les remercyans, & pour retribution de tant de biens, leurs promettans que venuz à Rome ferions avecques le Père sainct tant qu’en diligence il les iroyt veoir en persone. Puys retournasmes en nostre nauf. Pantagruel par liberalité & recongnoissance du sacre