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DE PHYSIQUE.

où un corps qui est dans un certain état d’électricité, commence par faire sortir un autre corps de son état naturel, et ensuite l’attire à lui (407).

552. Le barreau qui a reçu le magnétisme, agit à son tour sur l’aimant qui le lui a communiqué, en décomposant une nouvelle portion du fluide naturel de cet aimant, dont une partie est attirée vers le pôle le plus voisin du barreau, et l’autre repoussée vers le pôle opposé. La même chose arrive, à plus forte raison, lorsqu’on fait prendre le magnétisme à un barreau, par le contact immédiat d’un autre barreau déjà aimanté : il en résulte une espèce de paradoxe très-embarrassant pour les physiciens qui admettoient des tourbillons ou des effluves magnétiques ; c’est qu’un aimant pouvoit devenir plus fort lorsqu’il paroissoit avoir cédé une partie du fluide dans lequel résidoit sa force. Au reste, ce surcroît de vertu acquis par l’aimant, n’est bien sensible qu’autant que la force coercitive de cet aimant n’est pas très-considérable.

553. Réaumur a observé le premier, avec surprise, qu’un aimant qui avoit à peine la force nécessaire pour soutenir un morceau de fer d’un poids déterminé, l’enlevoit plus aisément lorsqu’on plaçoit ce fer sur une enclume. Cet effet s’explique de soi-même dans la théorie que nous avons adoptée : le fer ne peut être en contact avec l’aimant, sans devenir aimant lui-même ; dès lors il agit de son côté sur l’enclume pour l’aimanter aussi, et l’enclume, à son tour, réagit sur lui pour augmenter la quantité de fluide libre dans chacun de ses pôles, c’est-à-dire, qu’elle le rend plus attirable qu’il ne le seroit sans elle.