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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

légèrement concave qui, augmentant la divergence des rayons que reçoit l’œil, allonge les pinceaux qui se forment dans cet organe, et détermine leurs sommets à tomber plus exactement sur la rétine.

872. Les myopes semblent affectionner les petits objets : la plupart écrivent très-fin, et préfèrent de lire les ouvrages imprimés en petit caractère, parce qu’en adoptant des dimensions assorties à la portée étroite de leur vue, ils se ménagent la faculté d’embrasser un plus grand nombre d’objets d’un seul regard. Ils ont aussi l’habitude de fermer en partie les paupières[1] lorsqu’ils veulent voir distinctement des objets trop éloignés pour eux. On a cité deux avantages de ce mouvement naturel. D’une part, il détermine la paupière à se contracter et à donner accès à une plus petite quantité de lumière. Or, les myopes ne voient confusément les objets situés à une certaine distance, qu’en conséquence de ce que les cônes qui se forment dans leurs yeux ont, comme nous l’avons dit (871), leur sommet en deçà de la rétine, en sorte que les prolongemens des rayons dont ces cônes sont les assemblages donnent naissance à de nouveaux cônes, dont la base rencontrant le fond de l’œil, y dessine un petit cercle, au lieu d’un simple point. Donc, lorsque le nombre des rayons qui s’introduisent dans l’œil est diminué, le petit cercle dont il s’agit est plus rétréci, et la vision en devient moins confuse. D’une autre part, les paupières, en se fermant, exercent sur l’organe une pression qui en diminue la convexité, et le ramène en

  1. C’est ce qu’on appelle communément cligner.