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DE PHYSIQUE.

centre parvient en n peut être regardé, sans erreur sensible, comme celui de son lever. Le spectateur alors la voit sous l’angle por, et la rapporte en L à la distance of. Lorsqu’ensuite la lune est arrivée en z, c’est-à-dire, au méridien, le spectateur la voit encore sous le même angle p′or′, mais il la rapporte en l, c’est-à dire, à un point situé beaucoup plus près de lui ; ainsi, quoique l’image de la lune occupe toujours le même espace dans l’œil du spectateur, comme cet astre lui paroît à une plus petite distance, il le juge aussi plus petit, à peu près dans le rapport de la ligne ol à la ligne of ; car alors les deux produits qui résultent de l’impression de la grandeur combinée avec celle de la distance (762) ayant une quantité commune, qui est la première impression, sont en quelque sorte proportionnels à la seconde ; et ainsi nous nous formons une idée des grandeurs réelles, d’après le rapport entre les distances apparentes.

Mallebranche, à qui l’on est redevable, au moins en grande partie, de cette explication, l’a vérifiée à l’aide d’une expérience simple et facile à faire ; elle consiste à regarder la lune, lorsqu’elle est à l’horizon, à travers un verre enfumé. Dans ce cas, on ne la voit pas plus grande que quand elle est au méridien, pourvu que le verre soit si près de l’œil, qu’il éclipse entièrement tous les autres objets, et ne nous laisse aucun moyen d’estimer les distances[1].

775. Nous passerons maintenant aux illusions d’op-

  1. Recherche de la Vérité, t. I, p. 127 et suiv. ; et t. III, p. 159 et suiv.