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DE PHYSIQUE.

Derrière cet angle il s’en forme un second, qui provient des mêmes rayons réfractés à travers le cristallin et les autres humeurs de l’œil ; cet angle sous-tend le diamètre de l’image sur le fond de l’œil, et il est facile de voir qu’il augmente et diminue en même temps que le premier ; et lorsque l’un et l’autre sont petits, les augmentations et les diminutions, ainsi que celles du diamètre de l’image, sont sensiblement en raison inverse des distances de l’objet à l’œil.

Maintenant la grandeur d’un objet peut être conçue sous plusieurs rapports différens. Les véritables dimensions de l’objet, considérées en lui-même, donnent ce qu’on appelle la grandeur réelle, et l’ouverture de l’angle visuel détermine la grandeur apparente ; d’où l’on voit que la grandeur réelle étant une quantité constante, la grandeur apparente varie continuellement avec la distance.

762. Si nous jugions toujours des dimensions d’un objet d’après sa grandeur apparente, tout ce qui est autour de nous subiroit continuellement à cet égard des variations très-sensibles, qui nous entraîneroient dans d’étranges méprises. Par exemple, un géant de vingt-quatre décimètres, vu à la distance de quatre mètres, ne nous paroîtroit pas plus grand qu’un nain de six décimètres vu à la distance d’un mètre, puisque l’un et l’autre seroient vus à peu près sous le même angle.

Mais les expériences que nous avons faites avec le secours du tact, sur la comparaison des distances et des grandeurs, nous ont mis à portée de redresser nos idées, dans les circonstances où nous sommes le plus

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