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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

couleurs, savoir, le rouge, le jaune et le bleu ; et effectivement, l’histoire nous apprend que les anciens peintres ont opéré, pendant long-temps, avec ces seules couleurs[1]. Il est possible que cette faculté de faire beaucoup avec peu soit pour l’art une véritable richesse ; mais c’est appauvrir la nature, que de vouloir la resserrer dans les limites de nos moyens artificiels.

Passons maintenant à l’explication de quelques phénomènes produits par le dégagement des différentes couleurs, dont la lumière directe est l’assemblage.

693. Supposons que l’on regarde à travers un prisme abc (fig. 96, Pl. XIV) un objet voisin, tel qu’un carton blanc d’une certaine étendue, situé verticalement, et d’une figure rectangulaire, qui ait deux de ses bords parallèles à l’axe du prisme ; le choix de cette position et de cette figure n’a pour but que de ramener l’expérience à un cas simple ; et ce que nous en dirons peut s’appliquer, proportion gardée, à tous les autres cas.

D’après ce que nous avons dit (678) de la réfraction des rayons à travers un prisme qui tourne sur son axe, on conçoit que, suivant les divers mouvemens que l’on fera faire au prisme, l’image du carton pourra être vue dans la position où elle devient stationnaire, ou se relever vers cette position, ou enfin s’abaisser en dessous. Or, dans chaque position, le bord supérieur présentera successivement, et en descendant, quatre bandes de diverses couleurs, dont la plus élevée sera le rouge pur, et les trois autres seront mélangées de

  1. Encyclop. Méthod., ire. part. ; Beaux Arts, t. i, p. 160.
rouge