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DE PHYSIQUE.

neuve et si digne de son génie[1]. Mais pour nous borner ici à une seule considération puisée dans la physique, nous observerons que la manière de voir du célèbre physicien anglais, ne paroît pas s’accorder avec ce principe d’hydrostatique, que la pression à laquelle est soumis un fluide se distribue également dans tous les sens, en sorte que chaque point du fluide la supporte toute entière. Il en résulte que dans l’hypothèse de Dalton, chacun des composans ne pouvant résister qu’à une partie de la pression, céderoit à la force de celle-ci : l’air se condenseroit, et la vapeur se réduiroit en eau.

Pour ramener les choses à leur véritable point de vue, imaginons, au lieu de la vapeur qui s’est introduite dans l’air, une nouvelle quantité de cet air, qui ait le même degré d’élasticité que la vapeur. Ce nouvel air écartera, par sa force élastique, les molécules du premier, et toute la masse prendra une densité uniforme, qui sera telle, que cette masse, après sa dilatation, fera équilibre à la pression qui se distribuera également sur toutes ses parties. Or, la vapeur unie à l’air est dans le même cas que cette nouvelle quantité d’air dont nous venons de parler. Elle écarte de même les molécules de l’air entre lesquelles elle s’introduit, et ses propres molécules se mettent au degré de densité qu’exige l’équilibre avec la pression : la seule différence consiste en ce que l’air qui, comme nous l’avons vu (296), exerce son affinité sur l’eau qu’il enlève par l’évaporation, continue de l’exercer sur la vapeur dont il est saturé ; et l’effet de cette affinité est d’empêcher la vapeur de céder à la

  1. Essai de Statique Chimique, 1re. partie, p.485 et suiv.