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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

au-dessus de zéro, puisqu’à ce terme la glace commence à se fondre.

Cet obstacle, que la transmission lente du calorique forme à la congélation, est tel, que si l’on suppose l’eau exactement renfermée dans un vase non conducteur du calorique, elle ne pourra se congeler toute entière, dans cette hypothèse mathématique, qu’à une température au moins de 66d ⅔ au-dessous de zéro, en supposant, avec M. Kirwan et plusieurs autres physiciens, que les chaleurs spécifiques de la glace et de l’eau à l’état de liquide, soient entre elles dans le rapport de 9 à 10 ; car la quantité de chaleur que développe l’eau pendant qu’elle se congèle, est, comme nous l’avons dit, égale à celle qui éleveroit de 60d la température de ce liquide. Or, lorsque le développement de cette quantité de chaleur, que nous supposons rester toute entière dans l’eau, a déterminé le point de la congélation, la glace est dans le même cas que si sa température ayant été primitivement d’un nombre n de degrés au-dessous de zéro, elle s’étoit élevée jusqu’à zéro, par un accroissement de chaleur capable de faire monter de 60 degrés la température de l’eau. Donc, puisque les élévations de température de deux corps, par un même accroissement de chaleur, suivent le rapport inverse des chaleurs spécifiques (126), on aura cette proportion, 60d : n :: 9 : 10, ce qui donne n=66d ⅔ ; c’est-à-dire, que l’élévation de température qui feroit naître la congélation dans l’hypothèse présente, seroit de 66d ⅔, ou, en d’autres termes, il faudroit que la température de l’eau eût été originairement de ce nombre de degrés.