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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

limites dont il s’agit. Mais cette hypothèse est au moins très-hasardée, et auroit besoin d’être vérifiée par un grand nombre d’expériences.

130. La méthode de Crawford, et de plusieurs autres physiciens, pour déterminer les chaleurs spécifiques de différentes substances, étoit semblable à celle dont nous avons parlé (126), en citant pour exemple le mercure mêlé avec l’eau : on avoit alors égard à la chaleur spécifique particulière du vase que l’on employoit, et on ramenoit le résultat à l’hypothèse où son influence auroit été nulle ; mais il eût fallu encore tenir compte de la chaleur dérobée par l’air et les autres corps environnans ; et, d’ailleurs, il étoit difficile de s’assurer si toutes les parties du mélange avoient la même température. Ces inconvéniens disparoissent dans l’usage du calorimètre, imaginé par Lavoisier et Laplace, et qui réunit au mérite de la précision, celui d’être seul applicable aux cas où les substances exercent une action chimique les unes sur les autres[1]. Nous décrirons cet instrument lorsque nous aurons développé quelques principes, dont la connoissance est nécessaire pour avoir une juste idée de sa manière d’agir.

131. Revenons un instant sur les sensations variées que produit en nous le calorique, suivant les diverses températures des corps qui sont à notre portée. Une

  1. Voyez le Mémoire publié par ces deux savans célèbres, parmi ceux de l’Académie des sciences, pour l’année 1780, p. 355 et suiv., où l’on trouve la réunion de ce que la théorie et l’expérience peuvent offrir de plus satisfaisant sur les phénomènes produits par la chaleur.