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LE LENDEMAIN D’AGADIR

fices et les avantages et je démontrais que ceux-ci l’emportaient sur ceux-là ; puis, comme plusieurs orateurs avaient répété que le texte était touffu, chargé de circonlocutions et d’incidentes, affaibli par des restrictions et des réserves, et qu’il ne terminerait rien entre l’Allemagne et nous, je répondais : « Eh ! oui, messieurs, c’est là, à bien prendre, le sort commun de toutes les conventions internationales. Elles ne valent que par l’application, et l’application dépend des dispositions permanentes ou accidentelles des puissances signataires. C’est une fatalité contre laquelle personne ne peut rien. Mais ce n’est pas la première fois, depuis nos inoubliables tristesses, que nous signons avec l’Allemagne un accord colonial spécial et limité. Il n’y a aucun motif pour qu’un accord de ce genre se heurte, dans l’exécution, à de graves difficultés. Nous n’aurons qu’à défendre nos droits avec la fermeté nécessaire et aussi avec cette franchise et cette bonne foi qui doivent rester la marque essentielle de la diplomatie française. » Et, insistant sur nos intentions pacifiques, j’ajoutais : « Nous n’aurons qu’à maintenir nos positions contractuelles sans inquiétude et sans faiblesse. Nous n’aurons qu’à parler un langage clair, loyal et précis, et nous sommes convaincus qu’il sera entendu et compris. S’il arrivait que, sur des questions particulières, un dissentiment quelconque s’élevât entre les deux puissances, un recours nous resterait ouvert par la convention elle-même.

    la Revue des Deux Mondes : « Ce traité si décrié, M. Poincaré a prouvé qu’on pouvait fort bien plaider en sa faveur beaucoup plus que les circonstances atténuantes. Pour en montrer les mérites, il lui a suffi de le comparer à ceux qui l’ont précédé, c’est-à-dire à l’acte d’Algésiras et à l’arrangement de 1909 ».