Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
18
CINQUIÈME ENNÉADE.


grand, engendra à son tour. » — L’Intelligence, dès qu’elle est parfaite, engendre l’Âme, par cela même qu’elle est parfaite et qu’une si grande puissance ne doit pas rester stérile. Ici encore l’être engendré devait être inférieur à son principe, en représenter l’image, être par lui-même indéterminé, puis être déterminé et formé par le principe qui l’engendre. Ce que l’Intelligence engendre, c’est une raison, une hypostase dont l’essence est de raisonner. Celle-ci se meut autour de l’Intelligence ; elle est la lumière qui l’entoure, le rayon qui en jaillit. D’un côté, elle est liée à l’Intelligence, elle s’en remplit, elle en jouit, elle y participe, elle en tient ses opérations intellectuelles ; d’un autre côté, elle est en contact avec les choses inférieures, ou plutôt, elle les engendre. Étant ainsi engendrées par l’Âme, ces choses sont nécessairement moins bonnes qu’elles, comme nous l’expliquerons plus loin. À l’Âme finit l’ordre des choses divines.

VIII. Voici comment Platon établit trois degrés dans la hiérarchie des êtres : « Tout est, dit-il, autour du Roi de tout[1]. » Il parle ici des choses du premier ordre. Il ajoute : « Ce qui est du second ordre est autour du second principe, et ce qui est du troisième ordre est autour du troisième principe. » Platon dit encore que Dieu est le père de la cause[2] ; par cause, il entend l’Intelligence : car, chez ce philosophe, c’est elle qui joue le rôle de Démiurge. Il ajoute que c’est lui qui forme l’Âme dans le cratère[3]. La Cause étant l’Intelligence, Platon nomme Père le Bien absolu, le Principe supérieur à l’Intelligence et à l’Essence.


    le Ciel a été bien nommé Uranos. » (Platon, Cratyle, trad. de M. Cousin, t. XI, p. 39.) Voy. aussi notre tome II, p. 107.

  1. « Tout est autour du Roi de tout ; il est la fin de tout ; il est la cause de toute beauté. Ce qui est du second ordre est autour du second principe, et ce qui est du troisième ordre est autour du troisième principe. » (Platon, Lettre 2, p. 312.) Voy. encore Enn. I, liv. VIII, § 2 ; t. I, p. 119.
  2. Voy. Timée, p. 34.
  3. Voy. Timée, p. 43.