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LIVRE TROISIÈME.

quel se rapportent les modifications passives et dont procèdent les actions[1].

V. Tels sont les caractères de la substance sensible. S’ils conviennent aussi sous quelque rapport à la substance intelligible, ce n’est que par analogie et par homonymie[2]. C’est ainsi que le premier est appelé de ce nom par rapport au reste : car il n’est pas premier absolument, mais plutôt à l’égard des choses qui tiennent un rang inférieur ; bien plus, les choses qui suivent le premier sont aussi appelées premières à l’égard de celles qui viennent après elles. De même, en parlant des choses intelligibles, le mot sujet se prend dans un autre sens. On se demande également si celles-ci peuvent pâtir, et l’on conçoit que si elles pâtissent, c’est d’une tout autre manière[3].

N’être pas dans un sujet est donc le caractère commun de toute substance, si, par n’être pas dans un sujet, on entend ne pas faire partie d’un sujet et ne pas concourir avec lui à former une unité. En effet, ce qui concourt avec une chose à former une substance composée ne saurait être dans cette chose comme dans un sujet : la forme n’est donc pas dans la matière comme dans un sujet, et l’homme n’est pas non plus dans Socrate comme dans un sujet parce que l’homme fait partie de Socrate[4]. Ainsi, la substance est

  1. « La substance est un principe et une cause ; c’est de ce point de vue qu’il faut partir. Or, se demander le pourquoi, c’est toujours se demander pourquoi une chose est dans une autre… » Cette cause, c’est la substance première de chaque être ; car c’est là la cause première de l’existence. Mais parmi les choses, il en est qui ne sont pas des substances ; il n’y a de substances que les êtres qui existent par eux-mêmes, et dont rien autre chose qu’eux-mêmes ne constitue la nature ; par conséquent, c’est évidemment une substance que cette nature qui est dans les êtres non un élément, mais un principe. » (Aristote, Métaphysique, liv. VII, ch. 17 ; trad. fr., t. II, p. 61-64.)
  2. Voy. Enn. II, liv. IV, § 3-5 ; t. I, p. 197-201.
  3. Voy. le liv. VI de l’Ennéade III.
  4. « Une propriété commune à toute substance, c’est de n’être