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LXII
PORPHYRE.

conséquence, appartiennent au composé de l’âme et du corps. Rien de pareil ne saurait arriver à l’âme : car elle n’est pas une chose composée de vie et de non-vie (ἀζωΐα) ; elle est la vie elle-même, parce que son essence est simple, et qu’elle se meut elle-même.


LIVRE HUITIÈME.
DE LA NATURE, DE LA CONTEMPLATION ET DE L’UN[1].
De la Pensée.

XII.[2] La pensée n’est pas la même partout : elle diffère suivant la nature de chaque essence. Elle est intellectuelle dans l’intelligence, rationnelle dans l’âme, séminale dans la plante ; elle constitue une simple figure dans le corps ; enfin, dans le principe qui surpasse toutes ces choses, elle est supérieure à l’intelligence et à l’être.

De la Vie.

XIII.[3] Le mot corps n’est pas le seul qui se prenne dans plusieurs sens ; il en est de même du mot vie. Autre est la vie de la plante, autre la vie de l’animal, autre la vie de l’âme, autre la vie de l’intelligence, autre la vie du principe qui est supérieur à l’intelligence. En effet, les intelligibles sont vivants quoique les choses qui en procèdent ne possèdent pas une vie semblable à la leur.

De l’Un.

XIV.[4] Par l’intelligence on dit beaucoup de choses du principe qui est supérieur à l’intelligence [de l’Un][5]. Mais on en a l’intuition bien mieux par une absence de pensée que par la pensée. Il en est de cette idée comme de celle du sommeil, dont on parle jusqu’à un certain point à l’état de veille, mais dont on n’acquiert la connaissance et la perception que par le sommeil. En effet, le semblable n’est connu que par le semblable ; la condition de toute connaissance est que le sujet devienne semblable à l’objet[6].

  1. Les § XII-XIV sont un sommaire incomplet du livre VIII de l’Ennéade III (De la Nature, de la Contemplation et de l’Un).
  2. Le § XII se rapporte principalement au § 1 du livre VIII.
  3. Le § XIII se rapporte principalement au § 7 du livre VIII.
  4. Le § XIV est le sommaire du § 8 du livre VIII.
  5. L’Un est la première des trois hypostases divines. Voy. les Notes, p. 321.
  6. Voy. Enn. I, liv. VIII, § 1, p. 116 ; Voy. Enn. II, liv. IV, p. 208.