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DEUXIÈME ENNÉADE, LIVRE IX.

les mythes et les mystères[1], la doctrine nouvelle pouvait passer pour n’être que l’expression plus claire de cette sagesse.

§ III. DOCTRINE DES GNOSTIQUES.

Les indications que Plotin donne sur la doctrine des Gnostiques sont, en général, vagues et incomplètes, parce que, s’adressant à des lecteurs qui la connaissaient parfaitement, comme nous l’avons déjà dit, il n’avait pas besoin de l’exposer, et se proposait uniquement de la combattre. Il est donc nécessaire d’expliquer les allusions que renferme le livre ix. Or le meilleur moyen d’atteindre ce but, c’est de commencer par interpréter les textes propres à faire connaître le système des Gnostiques et surtout celui des Valentiniens, contre lesquels toute cette polémique paraît dirigée. Nous empruntons ces textes surtout à l’ouvrage de saint Irénée Contre les hérésies, parce que c’est l’ouvrage le plus complet que nous possédions sur cette matière. Pour un exposé général, nous renvoyons à l’Histoire du Gnosticisme, par M. Matter (t. II, p. 47-100).

A. Dieu.

Pour les Gnostiques en général, Dieu est l’Être infini et éternel qui, considéré avant toute manifestation, est ineffable et incompréhensible.

Pour exprimer ces divers caractères de Dieu, les Valentiniens l’appelaient Substance (Ampsiu)[2], Abîme ou Grandeur ineffable, Éternel, Père inconnu[3], etc.

Voici comment saint Irénée s’exprime à ce sujet :

« Les Valentiniens affirment qu’il y a dans les hauteurs invisibles et ineffables un Éon (Éternel) de toute perfection, préexistant à tout. Ils l’appellent Proarche (Premier Principe), Propator (Premier Père), Bythos (Abîme). Il est invisible et incompréhensible. » (S. Irénée, I, 1[4].)

  1. « Plotin énonce ces idées dans plusieurs passages des Ennéades : « Pythagore et ses disciples s’exprimaient en termes couverts (Enn. IV, liv. viii, § 1)... Les anciens sages exprimaient cette idée dans les mystères par une allégorie obscure (Enn. III, liv. vi, § 19). » Sur les mythes, Voy. Enn. III, liv. iii, § 5, et livre v, § 9.
  2. Voy. Épiphane, Hœreses, XXXI, 6, etc. ; et M. Matter, t. II, p. 65.
  3. Les Égyptiens donnaient à Dieu le nom d’Amoun, Caché. Voy. Plutarque, De Iside et Osiride, 9.
  4. Les œuvres de saint Irénée ont été traduites dans la collection de M. de Genoude (Les Pères de l’Église,