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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS


LIVRE QUATRIÈME.


DU BONHEUR.


Ce livre est le quarante-sixième dans l’ordre chronologique. Il a été traduit en anglais par Taylor : Five Books of Plotinus, p. 3.

Les sources auxquelles Plotin paraît avoir principalement puisé sont les écrits d’Aristote et ceux des Stoïciens. Pour Platon, il se borne à rappeler dans le § 16, p. 90, le passage du Théétète déjà cité au début du livre ii, p. 51.

§ I. RAPPROCHEMENTS ENTRE LA DOCTRINE DE PLOTIN ET CELLE D’ARISTOTE.

Dans la plus grande partie de ce livre, Plotin discute la théorie qu’Aristote a exposée sur la question du Bonheur dans les livres I et X de l’Éthique à Nicomaque. Il est facile de le reconnaître en lisant les extraits de ce traité que nous donnons ici :

« Dans toute action, dans toute détermination raisonnée, le bien, c’est la fin... Le bien parfait, ou absolu, est celui qu’on préfère toujours pour lui-même et jamais en vue d’aucun autre. Or le bonheur (εὐδαιμονία) paraît surtout être dans ce cas ; car nous le désirons constamment pour lui-même et jamais pour aucune autre fin... On peut donc dire que le bonheur est quelque chose de parfait et qui se suffit à soi-même (τέλειόν τι ϰαὶ αὔταρϰες), puisqu’il est la fin de tous nos actes.

Pour connaître clairement ce qu’est le bonheur, il faut connaître quelle est l’œuvre propre de l’homme. Et d’abord, la vie semble lui être commune avec les plantes[1] : or nous cherchons ce qu’il y a de propre à l’homme ; il faut donc mettre de côté la vie de nutrition et d’accroissement (φρεπτιϰη ϰαὶ αὐξητιϰὴ). Vient ensuite la vie sensitive (αἰσθητιϰὴ ζωή) ; mais celle-ci encore est commune à tous les animaux[2]. Reste enfin la vie active de l’être qui a la raison en partage (πραϰτιϰὴ τις τοῦ λόγον ἔχοντος) en tant

  1. Voy. Enn. I, liv. iv, § 1, p. 71.
  2. Ibid., § 2, p. 72.