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PRÉFACE.

les apologistes enthousiastes de leur auteur, nous nous bornons ici aux simples fonctions de rapporteur impartial ; nous mettons sous les yeux des amis de la philosophie Plotin tout entier, Plotin tel qu’il est, fournissant à chacun les moyens de l’étudier à loisir, mais laissant à tous la liberté de puiser dans cette étude des motifs pour le juger, des arguments pour le défendre ou même des armes pour le combattre. Toutefois, il nous sera permis de signaler quelques-uns des résultats auxquels nous avons été naturellement conduit, et que nous nous sommes efforcé de faire ressortir dans le cours de ce travail.

I. On est depuis longtemps d’accord pour reconnaître dans l’École d’Alexandrie une école éclectique et pour dire qu’elle s’est attachée à concilier les doctrines des écoles antérieures. Cette vérité historique se trouve confirmée, en ce qui regarde Plotin, par le témoignage formel de Porphyre : « Les doctrines des Stoïciens et des Péripatéticiens, dit-il, sont secrètement mêlées dans ses écrits ; la Métaphysique d’Aristote y est condensée tout entière… On lisait dans ses conférences les Commentaires de Sévérus, de Cronius, de Numénius, de Gaïus, d’Atticus [sur les écrits de Platon] ; on y lisait aussi les ouvrages des Péripatéticiens, d’Aspasius, d’Alexandre, d’Adraste, etc. Cependant aucun d’eux ne fixait exclusivement son choix[1]. »

Nous avons voulu aller plus loin : au lieu de nous borner à répéter cette assertion, qu’on avait jusqu’ici admise sur parole, nous avons voulu en donner la démonstration par

  1. Vie de Plotin, § 14. Voy. aussi sur ce point le fragment d’Hiéroclès et le passage de Boèce cités ci-après, p. XCIV note. M. Steinhart s’est attaché à montrer combien cet éclectisme de Plotin diffère du grossier syncrétisme reproché à d’autres philosophes : « Plotiniana doctrina, dit-il, recepit quidem multa quæ a Platone atque Aristotele erant proposita, sed in unum redegit corpus et novo junxit vinculo. » De Dialectica plotiniana, p. 11, note.