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DEUXIÈME ENNÉADE.

vins ont été formés par Dieu lui-même, tandis que les animaux d’ici-bas ont été formés par les dieux qui sont ses enfants[1]. » Or, ce qui est fait par Dieu lui-même ne saurait périr. Ceci revient à dire qu’au-dessous du Démiurge [l’Intelligence] est l’Âme céleste avec nos âmes[2] ; de l’Âme céleste provient et découle en quelque sorte une image, ἵνδαλμα [l’Âme inférieure, la Nature], qui forme les animaux terrestres. Cette Âme inférieure imite son principe intelligible [l’Âme céleste][3] ; elle ne peut cependant lui ressembler complètement, parce qu’elle emploie des éléments qui sont moins bons [que les éléments célestes], parce que le lieu où elle les met en œuvre est moins bon [que le ciel], et que les matériaux qu’elle organise ne sauraient rester unis : il en résulte que les animaux d’ici-bas ne peuvent durer toujours. Par la même raison, cette Âme ne domine pas les corps terrestres avec autant de puissance [que l’Âme céleste domine les choses célestes], parce qu’ils sont gouvernés immédiatement chacun par une autre âme [l’âme humaine].

Si le ciel entier doit durer toujours, il faut qu’il en soit de même des astres qu’il contient : car il ne saurait durer si ses parties ne durent également. Quant aux choses qui sont au-dessous du ciel, elles n’en sont pas des parties. La région qui comprend le ciel ne s’étend que jusqu’à la lune. Pour nous, ayant nos organes formés par l’âme [végétative] que nous donnent les dieux célestes [les astres] et le ciel même[4], nous sommes unis au corps par cette lune. En effet, l’autre âme [l’âme raisonnable], qui constitue notre personne, notre moi[5], n’est pas la cause de notre être [comme l’âme végétative, qui fait de nous seulement des

  1. Timée, p. 69.
  2. Voy. Platon, Phédon, p. 109.
  3. Plotin distingue ici deux parties dans l’Âme universelle, l’Âme céleste, qui procède immédiatement de l’Intelligence, et l’Âme inférieure, qui est la Nature, la Puissance génératrice. Voyez sur ce point le § 18 du livre iii de l’Ennéade II.
  4. Voy. Enn. II, liv. iii, §, 9, 15.
  5. Voy. Enn. I, liv. i, § 7-10.