DU JUSTE
372Peux-tu me dire ce qu’est le juste ? Ne te semble-t-il pas que la question mérite d’être discutée[1] ?
Je le crois tout à fait.
Qu’est-ce donc ?
Serait-ce autre chose que ce que la coutume consacre comme juste ?
Ne me réponds pas ainsi. Mais voyons : si tu me demandais ce qu’est l’œil, je te dirais : ce par quoi nous voyons, et si tu me priais de te le montrer, je te le montrerais ; si tu me demandais : à quoi donne-t-on le nom d’âme, je te dirais : à ce par quoi nous connaissons, et si tu me demandais encore ce qu’est la voix, je te répondrais : ce par quoi nous parlons. À ton tour, exprime-toi de cette manière : est juste ce par quoi nous faisons telle chose, comme je viens de te le demander.
Je suis embarrassé pour te répondre ainsi.
Eh bien ! puisque tu ne le peux de cette façon, peut-être par cet autre biais arriverons-nous plus facilement. Voyons, à quoi nous référons-nous pour discerner ce qui est plus grand de ce qui est plus petit ? N’est-ce pas à la mesure ?
Oui.
Et avec la mesure, à quel art ? N’est-ce pas à la métrétique ?
373Oui, à la métrétique.
Et pour distinguer ce qui est léger de ce qui est lourd ? N’est-ce pas au poids ?