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NOTICE

de Minos, une immutabilité absolue, impossible à réaliser dans le domaine de l’action. L’idéal contemplé est, sans doute, immuable, et c’est pourquoi la science du gouvernement est une vraie science, non une ἀληθὴς δόξα, mais l’homme politique n’ignore pas qu’il doit opérer sur une matière contingente, et que, pour ce motif, son œuvre réclamera des retouches incessantes pour s’adapter à l’idéal[1]. L’esprit simpliste du Minos n’a pas su saisir toute la complexité, toutes les nuances de la pensée platonicienne.

L’auteur a voulu néanmoins imiter Platon et le parallélisme entre certaines expressions du Minos et, d’autre part, du Banquet, du Politique, des Lois, nous permettent de conclure que l’écrivain connaissait ces dialogues[2].


Minos
et Hipparque.

On a constaté des ressemblances frappantes entre Minos et Hipparque. Aussi la plupart des critiques attribuent les deux dialogues au même auteur[3]. Évidemment, bien des traits communs se retrouvent dans l’un et l’autre de ces écrits : le titre est tiré de l’épisode historique qui constitue la partie centrale de l’œuvre et cet épisode est, dans les deux cas, une sorte d’encomion composé à la manière des rhéteurs[4] ; la construction du dialogue est identique : même façon d’ouvrir la discussion, mêmes procédés dialectiques ;

  1. Voir Politique, 294-296.
  2. Comparer Minos 318 b et Banquet 215 c ; Minos 318 a et Politique 268 c, 274 e ; Minos 320 c et Politique 305 c ; Minos 318 e, 319 b et le début des Lois.

    Peut-être aussi pourrait-on comparer Minos 314 d et Euthyphron 14 b ; Minos 319 d et Gorgias 526 c. Mais dans ce dernier cas, il pourrait y avoir simple rencontre des deux écrivains avec Homère. Les deux passages sont trop différents.

  3. Cf. Boeckh, Comment. in Platonis quo uulgo fertur Minoem eiusdemque libros priores de legibus, Halae, 1806. Boeckh voudrait attribuer les deux dialogues au cordonnier Simon ; Pavlu, Die pseudoplatonischen Zwillingsdialoge Minos und Hipparch, Wien, 1910. Voir notre notice d’Hipparque ; Usener, Vortrage und Aufsätze, p. 95 ; E. Bickel, Ein Dialog aus der Akademie des Arkesilas, in Archiv für Gesch. der Philos. 1904, p. 461. Usener et Bickel seraient tentés d’attribuer Hipparque et Minos à Héraclide de Pont.
  4. Cf. Minos 319 a b où l’intention d’introduire un éloge apparaît manifestement.