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NOTICES

même esprit[1]. C’est pourquoi l’auteur de la lettre, après avoir recommandé d’abord l’établissement d’une législation qui tienne compte de la hiérarchie des valeurs, l’âme, le corps et, en dernier lieu, les richesses, en des termes analogues à ceux du dialogue[2], entreprend la description d’un système de gouvernement qui rappelle celui de Sparte, système dont Platon ne cessait dans sa vieillesse de prôner les bienfaits : le pouvoir législatif sera confié à une assemblée qui déterminera la constitution, seule autorité suprême et absolue. Le pouvoir souverain remis à trois rois sera presque exclusivement honorifique et représentatif, tandis que l’exécutif appartiendra aux trente-cinq νομοφύλακες responsables, trente-sept, disent les Lois, dont la Lettre reprend les projets, mais en les adaptant à la situation présente[3]. Quant au pouvoir judiciaire, il sera exercé par un collège composé des magistrats de l’année précédente. Eux seuls, ou les νομοφύλακες, pourront prononcer la peine de mort. Telles sont encore, dans leurs grandes lignes, les réformes politiques préconisées par les Lois[4].

En somme, les deux écrits, — on s’en rendra aisément compte si l’on veut comparer les textes, — témoignent d’une étroite parenté d’idées, sans que cependant la Lettre donne l’impression d’un pastiche servile et maladroit.


Conclusion.

On ne voit pas que les difficultés soulevées au nom de l’histoire soient pleinement inexplicables et suffisent à fonder un jugement d’inauthenticité. Si on observe, par ailleurs, la pureté de la langue, qui fait songer à la 7e lettre et aux meilleures pages des derniers dialogues ; si on remarque combien l’auteur paraît au courant de la situation sicilienne, combien tous les traits du tableau qu’il trace rappellent l’état du malheureux pays opprimé par des années de tyrannie, nullement une période postérieure, celle du gouvernement de Timoléon, ainsi que l’affirme Adam ; si on considère enfin la parfaite

  1. id., VIII, 832 c.
  2. Cf. Lettre VIII, 355 b, et Lois III, 697 b. Le commentaire de ce passage se trouve développé au début du livre V.
  3. Lois VI, 752 e.
  4. id., IX, 855 c.