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NOTICES

de Dion, et la Locrienne Doris. Hipparinos était né du premier mariage ; Denys le Jeune, du second[1]. L’auteur de la lettre, suivant un grand nombre de critiques, ne peut avoir en vue que le fils de Dion. C’est à lui que songeaient tout naturellement les lecteurs, et l’écrivain voulait, sans doute, exprimer cette pensée : tel fut le père, tel doit être le fils. Mais alors voici la difficulté : nous savons par Plutarque et par Cornélius Népos[2] que ce fils est mort avant le père. Donc, au moment où la lettre est supposée écrite, il ne pouvait être question de lui. Anachronisme flagrant, proclament les adversaires de l’authenticité. Les partisans se divisent. Certains avouent que, dans le texte incriminé, l’épistolier a pensé au fils de Dion, mais ils résolvent l’objection assez arbitrairement : ou bien on donne simplement tort à Plutarque et à Cornélius Népos et on n’accepte pas leur témoignage (Wilamowitz-Moellendorff, Apelt), ou bien on suppose qu’au milieu des bouleversements dont la Sicile était le théâtre, les nouvelles devaient arriver fort rares à Athènes, et, par conséquent, Platon n’avait peut-être pas été informé des malheurs de famille de son ami syracusain (Ritter). Enfin d’autres (Adam, Post, Howald) prétendent que l’Hipparinos dont il s’agit ici n’est pas le fils de Dion, mais son neveu qui était encore bien vivant. Cette solution me paraît, en effet, la meilleure.

La question d’âge ne peut être un obstacle. Dion avait une vingtaine d’années quand Platon se rendit en Sicile pour la première fois. Le jeune Hipparinos doit donc avoir également cet âge à l’époque où est écrite la lettre[3], c’est-à-dire vers 354. Or, Denys épousa la sœur de Dion, Aristomachè, en 398, et il n’est pas impossible que cette dernière ait eu un fils une vingtaine d’années plus tard. Cela suffit pour rendre plausible le renseignement fourni par Platon.

Mais à qui songeaient les lecteurs de la lettre ? Au neveu ou au fils de Dion ? Ce dernier a toujours été insignifiant et, par sa vie comme par sa mort, n’a guère été pour son père un sujet de consolation[4]. Au contraire, Hipparinos, fils de

  1. Plutarque, Dion, 3.
  2. Plutarque, c. 55. — Cornélius Népos, c. 4.
  3. Lettre VII, 324 b.
  4. Cornélius Népos, loc. cit.